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jeudi 21 octobre 2010

La cassure de 1974 (2)

Une thèse de Maurice Allais abondamment reprise (peut être déformée?) dans la sphère des blogs, est que la cassure de la croissance, en 1974 (année du choc pétrolier), est imputable à l'abandon de la préférence communautaire. Nous contestons cette version sur la base de la coïncidence de cette cassure avec celle observée au Japon.

Dans une lettre ouverte adressée à Monsieur Jacques Myard, Maurice Allais déclare:
L’idéologie que j’appelle « libre-échangiste mondialiste » a déjà fait d’innombrables victimes dans le monde entier. [...] Cette certitude naît d’une simple observation, ce que je nomme « la cassure de 1974».

Sur la période 1974-1997, le taux de chômage au sens du BIT est passé de 2,84 % à 12,45 %, soit un accroissement de 1 à 4,4. De même, le taux de sous-emploi est passé de 3,39 % à 23,6 %, soit un accroissement de 1 à 7. Or, à partir de graphiques, d’analyses statistiques, on doit relier cette crise de l’emploi à un changement brutal intervenu en 1974.

Entre 1955 à 1974, les effectifs dans l’industrie s’étaient accrus d’environ un million, soit 50 000 par an – avec un pourcentage d’emplois industriels dans la population active qui restait constant et stable, aux alentours de 28 %. Entre 1974 et 1993, en revanche, ces effectifs ont décru d’environ 1 700 000, soit 90 000 par an – et le taux d’emplois industriels a fortement diminué, de 28 % à 17 %. 
Voic un exemple de récupération de cette thèse, en commentaire du blog La Refondation du Capitalisme:
En Annexe 1, Maurice Allais montrait notamment, analyse logarythmique à l’appui, que la rupture de croissance en France et dans les pays européens fondateurs, dès 1974, n’est pas due au premier choc pétrolier (car les Etats-Unis ne subirent aucune rupture, même en pro-rata de leur dépendance pétrolière) mais aux décisions qui ont suivi l’entrée du Royaume Uni dans l’Europe (nouvelle politique monétaire, abandon de la préférence communautaire, “laisser-fairisme”, etc.) --- Hadrien | le 13 octobre 2010 à 20:42
En lieu de l’abandon de la préférence communautaire, c’est plus vraisemblablement le choc pétrolier qui a ébranlé le formidable rattrapage de l’Europe vis à vis des E.U., commencé au sortir de la deuxième guerre mondiale. Le Japon lui aussi à la dépendance élevé vis à vis des producteurs de pétrole, connut une cassure beaucoup plus brutale. Or, il est bien entendu exclu que ce pays ait pu souffrir de l'abandon de la préférence communautaire. Cf notre premier billet comparant  l’évolution des PIB réels des USA, Europe occidentale et Japon, de 1870 à 2006.

Ne faudrait-il pas parler de récupération abusive de la cassure de 1974 (« Cette certitude naît d’une simple observation, ce que je nomme « la cassure de 1974 ». ») pour démontrer les méfaits de la mondialisation? Faut-il voir dans ce manque de rigueur la raison de la mise à l’écart par la communauté scientifique dont Maurice Allais se disait la victime? Les thèses de Maurice Allais sur ce sujet sont en effet bien postérieures à celles pour lesquelles il reçut le prix Nobel et la médaille d’or du CNRS. Est-ce bien honorer sa mémoire que de disséminer les travaux sans doutes les moins représentatif de son génie?

2 commentaires:

  1. Il me semble que le ralentissement économique a précédé le choc pétrolier - avec des taux de croissance plus faibles - et dans votre graphique on ne voit pas la performance individuelle de la France.

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  2. Merci de votre visite.

    Vos 2 remarques n'abondent pas en faveur de l'hypothèse que ce billet s'emploie à rejeter, si? Pour la première, vous êtes vous référé au graphique du premier billet?

    PS: J'ai profité de l'attention témoignée à ce billet pour le toiletter.

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